UNE ÉTUDE INÉDITE

Des compositrices encore sous-représentées

Tous types de structures confondus, notre étude comptabilise un total de 14892 œuvres. Parmi celles-ci, seules 951 ont été composées par des femmes, soit 6,4%.

Ce chiffre ne représente cependant que le nombre d’œuvres programmées ; il est important de le mettre en relation avec la part du temps de programmation consacrée aux compositrices, qui est largement inférieur.

Nous avons collecté les minutages de chacune des 951 œuvres composées par des femmes qui ont été programmées sur la saison 2022/2023, et nous avons ainsi estimé la part du temps de programmation dédié à la musique classique en France qui est consacrée aux compositrices : 4%.

Dans les programmes incluant des compositrices : quel temps de programmation leur est consacré ?

Sur 3365 programmes comptabilisés dans le cadre de notre étude, seuls 372 incluent une ou plusieurs œuvres de compositrices (soit 11,1%).

Ces 372 programmes représentent un total de 24735 minutes de musique. Parmi ces 24735 minutes, 8986 sont consacrées aux œuvres de compositrices, soit environ 1/3 du temps de programmation (36,3%). Ainsi, sur un temps moyen de concert de 66 minutes, 24 minutes sont dédiées à des compositrices et 42 minutes à des compositeurs.

Ce chiffre de 36,3% reste une moyenne : il est tiré vers le haut par les quelques programmes 100% compositrices, certes peu nombreux, mais qui le gonflent artificiellement. Ces programmes sont au nombre de 52 , dont 18 présentés par les trois festivals spécialisés. Sans ces 52 programmes 100% compositrices, le temps de programmation dédié aux compositrices dans les programmes qui en incluent une ou plusieurs tombe à 17 minutes.

Le genre lyrique

Sur la saison 2022/2023, on dénombre tous types de structures confondus (lieux de diffusion, maisons d’opéra et festivals) 326 programmes d’opéra.

Parmi ceux-ci, seuls 10 comprennent une ou plusieurs œuvres de compositrices : quatre sont des opéras donnés dans des maisons d’opéra, quatre sont des opéras donnés dans d’autres lieux de diffusion, et une est une pièce symphonique donnée dans le cadre d’un programme « mixte » comprenant aussi un opéra (La Voix humaine de Poulenc).

Ces programmes, qui représentent seulement 3,1% de l’ensemble des programmes d’opéra présentés en France en 2022/2023, mettent en avant quasi exclusivement des compositrices contemporaines.

Le genre symphonique

Sur la saison 2022/2023, les structures de diffusion (lieux de diffusion, maisons d’opéra et festivals) consacrent d’après nos estimations 53411 minutes de leur temps de programmation à des concerts symphoniques.

Ces concerts symphoniques sont au coeur de leur saison : ils sont coûteux et prestigieux.

Parmi ces concerts symphoiques, seules 1621 minutes sont dédiées à des oeuvres de compositrices, soit 3% du temps de programmation.

Lorsque les compositrices font une incursion dans le paysage symphonique, c’est majoritairement au travers de courtes pièces : la durée moyenne d’une œuvre symphonique de compositrice programmée sur la saison 2022/2023 est de 13 minutes. Il s’agit par ailleurs souvent de musique contemporaine : 53% des œuvres symphoniques de compositrices de l’échantillon sont composées par des femmes vivantes ou nées après 1945.

Comment sont-elles programmées ?

Parmi les œuvres de compositrices programmées en 2022/2023 en France, 33,7% ont été écrites par des contemporaines. C’est quatre fois plus qu’en général : une étude menée par Bachtrack (1), un magazine en ligne spécialisé dans la recension d’événements de musique classique, a montré qu’en 2022, on programmait, compositeurs et compositrices confondus, 8,5% d’œuvres contemporaines.

Parmi les compositrices de répertoire les plus programmées, quatre compositrices sont présentes dans le « top 10 » en nombre d’oeuvres et en temps de programmation : Lili Boulanger, Mel Bonis, Clara Schumann et Fanny Mendelssohn. Les différences entre les deux classements s’expliquent par le type d’oeuvres écrites par ces compositrices : dans le classement en nombre d’oeuvres, on retrouve des compositrices de mélodies (Pauline Viardot, Nadia Boulanger) alors que le classement en temps de programmation privilégie les compositrices d’oeuvres de grande ampleur comme des opéras (Diana Soh) ou des symphonies (Louise Farrenc).